-- go your own way (auden)
Mustache Marshall :: — STARS HOLLOW, CT :: blossom avenue

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Un accaparant sentiment de nostalgie lui pesait sur les épaules. Son estomac noué, il peinait à sourire à la femme au visage familier qui le saluait d’un signe de tête. Une voisine d’Auden. Il l’avait croisée de nombreuses fois, toujours cette salutation silencieuse, polie. Il ne la reverrait plus. Tout comme il ne monterait plus cet escalier qui menait à son petit appartement. Il déglutit péniblement alors qu’il arrivait face à la porte. Sa porte. Ses doigts trouvant machinalement le nœud de sa cravate, le desserrant légèrement. Il suffoquait. S’il n’avait pas l’habitude de monter chez elle avec son veston et sa cravate, cette fois-ci, il les avait gardés. Peut-être pour la formalité de sa visite. Colin avait repoussé le moment autant qu’il l’avait pu. S’était montré discret, peu réactif à ses messages. Évasif. Le choix qu’il ne pouvait se résoudre à faire s’était finalement imposé à lui : la laisser. La libérer de cette union clandestine qui le tiraillait depuis trop longtemps. Son cœur lourd. Il aurait voulu la choisir, aurait voulu être plus fort et écouter son cœur plutôt que sa raison. Mais il avait baissé le regard, acquiescé à la proposition de sa femme : tenter d’agrandir la famille. Comme si un enfant pouvait venir réparer ce qui était brisé. Les yeux clos, Colin inspira profondément avant de finalement cogner à la porte. Rapidement, elle lui ouvrait la porte, l’invita à entrer. — "Hey", souffla-t-il, le faible sourire à ses lèvres n’atteignant pas son regard fuyant. Colin pénétra dans l’appartement, la mâchoire crispée. Il aurait voulu pouvoir mémoriser chaque détail de l’endroit, conserver les souvenirs de tous les dessins et peintures qui traînaient ici et là. Sa collection naissante de livres qui s’agrandissait au fil de leur aventure. L’odeur, la chaleur. — "Sorry I’m late. I, uh, … forgot I had a meeting.", mentit-il maladroitement. Il était plutôt resté paralysé dans sa voiture, incapable d’enfoncer la clé dans le contact. Cherchant à repousser ce moment, cherchant une excuse pour se convaincre de rentrer chez lui, d’attendre encore une autre journée avant de lui briser le cœur, sans épargner le sien non plus. Le croquis qu’elle avait laissé subtilement sur son bureau entre ses doigts. A l’arrière, l’invitation : meet me tonight xx. Il s’était finalement résigné à le faire, croyant que le plus tôt serait le mieux. Pour elle, surtout. Et pourtant, maintenant qu’il se tenait près d’elle, sa conviction s’estompait.